Au-delà de l’analyse de la pertinence du dossier et de la qualité des fondateurs, nous devons nous positionner sur un élément majeur : la valorisation de l’entreprise. L’exercice est d’autant plus critique que cette évaluation n’est pas gratuite puisque suivie d’un engagement de notre part..
Alors comment procéder ? Et, surtout, comment ne pas se planter ?
Notez bien que l’approche décrite ici se situe dans le contexte d’une prise de décision rapide et avec peu d’éléments. Ce n’est en aucun cas une méthode formelle !
Avant toute évaluation, je dois obtenir une réponse aux éléments suivants :
- Y a-t-il déjà eu une levée de fonds ?
- L’entreprise a-t-elle déjà des revenus significatifs depuis un ou plusieurs exercices ?
- Si oui, l’entreprise génère-t-elle un résultat net positif ?
Si la réponse aux trois questions précédentes est “non”, alors je propose une valorisation en fonction du montant levé. En d’autres termes, je demande entre 25% et 33% de l’entreprise et la valorisation en sera déduite (comme ce fut le cas par exemple pour Les Tontons Afro, Les 100 Voeux ou Benenota).
Si le projet est particulièrement “hors sol”, je peux même aller jusqu’à demander 50% comme pour Les Editions Douin !
S’il y a déjà eu une levée de fonds, alors l’objectif va être de se rapprocher le plus possible de la valorisation du tour précédent, qui va être utilisé comme référence. C’est la méthode utilisée par exemple pour Explora Project.
Si l’entreprise n’a pas encore eu de valorisation validée par un investisseur extérieur et qu’elle a des revenus significatifs ou du résultat net, alors je vais me baser sur un multiple du CA (x1 à x2) ou du résultat (x10 à x15) de l’exercice à venir.
C’est seulement cette première analyse effectuée que je vais être capable de véritablement me confronter à la valorisation proposée.
Vont se rajouter ensuite tous les éléments de contexte, avec entre autres : la force de persuasion du pitch, l’intérêt porté par les autres investisseurs, mon instinct et même mon humeur du moment !
Il faut savoir que le format de l’émission impose une règle (qui est probablement la seule) : nous n’avons pas le droit de proposer moins que le montant demandé.
Si je suis convaincu, je vais alors faire une proposition qui sera le résultat de tout ce qui précède. Il n’est pas rare que je sois dans l’hésitation la plus totale au moment où je prends la parole et que la décision finale me vienne à la dernière seconde…
Les valorisations demandées étant souvent très élevées, nous proposons parfois des montants qui viennent la diviser par 2, 3 ou même 4 !
Cela peut sembler choquant, et c’est pour cela que parfois je ne vais même pas le faire, tellement on est loin, mais c’est la réalité du business.
N’oublions pas que nous mettons l’argent sur la table, et que pour le coup, les conseilleurs sont effectivement les payeurs.