Ces trucs qui ont marché pour ma vie de manager
J’ai eu l’avantage de manager sans le savoir, ce qui m’a permis de ne pas trop me poser de questions sur le sujet et donc d’être authentique. C’est le premier truc qui a marché. Être vrai, ne pas porter un masque pour tenter d’être plus cool, plus motivé, plus positif ou plus sympa. Ne pas jouer un rôle, de se penser “manager”, permet d’avoir une base de fonctionnement toujours identique avec vos collaborateurs.
Voici 5 autres “trucs qui marchent” qui pourront vous aider à bien fixer votre étoile du nord.
1) Nous ne sommes pas une famille
J’ai créé une dizaine d’entreprises ce qui m’a amené à recruter et manager des centaines de personnes.
Mais durant toutes ces expériences, jamais je n’ai tenté de faire de mes collaborateurs mes amis, encore moins d’essayer de vendre en interne la recette magique du “nous sommes une grande famille”. En fait, j’étais même très peu présent aux évènements organisés par les salariés, et encore moins adepte des discussions à la machine à café.
J’ai toujours été clair par mon comportement et mon discours que nous étions dans un environnement de travail. Relation professionnelle et pragmatique, n’excluant pas la bienveillance, mais n’intégrant pas les “raconte moi ton weekend” interminables. Toujours serrer la main pour dire bonjour, aux collaborateurs comme aux collaboratrices. Prendre le temps de saluer tout le monde, mais sans s’attarder.
Est-ce que pour autant tout le monde me trouvait “pas cool” ?
Non, absolument pas.
Ma priorité a toujours été que tout le monde arrive le matin avec le sourire aux lèvres, heureux de passer une journée à travailler en équipe. Et ce résultat est obtenu non pas parce qu’on a l’impression de faire partie d’une grande famille, mais parce que l’on participe à un projet qui a du sens et qui engage.
Le rôle d’un leader n’est donc pas d’être l’ami, mais le porteur de la flamme, de la vision.
Le rôle d’un manager n’est donc pas d’être le bon patriarche, mais celui qui donne et insuffle confiance, pour donner le meilleur de soi.
2) Carte blanche dès le départ
C’est indiscutable : la confiance est une des fondations majeures sur laquelle se construit un entrepreneur.
En tant qu’entrepreneur, vous prenez des risques. Vous devez avoir une confiance absolue en vos capacités, en votre instinct ou en votre bonne étoile. Sinon, vous serez en permanence hanté par le spectre du doute et du questionnement.
Cette confiance est indispensable pour bien manager. Impossible en effet de faire confiance à quelqu’un si votre confiance en vous est inexistante !
Manager sans confiance, c’est micro-manager. Et c’est voué à l’échec.
En effet, à quoi cela sert-il de dépenser de l’énergie et de l’argent pour recruter les meilleurs talents, pour ensuite les brider sous le joug de notre propre insécurité ?
J’ai donc toujours choisi de faire confiance dès le début en donnant un maximum d’autonomie.
La confiance n'exclut pas le contrôle, mais le revers de la médaille de l’approche “carte blanche” est que cela donnera forcément lieu à des mauvaises surprises.
Cependant, je préfère me faire abuser, parfois, plutôt que de briser, toujours, l'élan de ceux qui m'entourent.
C’est une forme de naïveté, totalement assumée de ma part. Je cherche à voir le bien, le positif, plutôt que le mal ou le négatif.
Avec du recul, sur ces 30 dernières années, le jeu en a valu largement la chandelle, mais largement ! Les rares fois où je me suis fait vraiment rouler dans la farine justifient sont amplement justifiées par les succès engrangés par des équipes ultra performantes car libérées du carcan managerial.
3) Rester dans son couloir de nage
Je vais vous raconter justement une grosse erreur que j’ai commise à la fin 1999 à cause d’un affect qui m’a joué des tours.
J’étais jeune dirigeant avec juste quelques années d’expérience.
Un de mes jeunes salariés fraîchement recruté avait un souci de caution pour prendre un appartement. Parce que je pensais que c’était la bonne chose à faire, je l’ai aidé en me portant caution solidaire. En plus, je lui ai même octroyé un petit prêt.
Évidemment, la situation s’est transformée en fiasco total. Le salarié s’est senti protégé ou spécial dans l’entreprise. Tout s’est mélangé entre perso et pro et la situation est devenue ingérable.
J’avais clairement commis une faute et je me suis retrouvé avec des problèmes supplémentaires, tant sur le plan financier qu’en charge mentale, deux choses dont un dirigeant n'a pas besoin ! Au final, j’ai dû mettre un terme au contrat de travail, et accepter mes pertes.
En fait, on veut être bienveillant ou “humain” donc on se sent parfois obligé de prendre sur soi des responsabilités de nos employés. Sans aller jusqu’à penser qu’une entreprise, c’est comme une montgolfière (qui a la réf ?), il faut savoir rester dans son couloir de nage.
4) J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle…
Pour créer de l’engagement au sein de ses équipes, il faut certes une relation claire basée sur de la confiance, mais cela ne suffit pas. Il est impératif d’avoir aussi de la transparence.
C'est-à-dire communiquer un maximum sur ce qui se passe dans l’entreprise. Plus les équipes sauront ce qui se passe et pourquoi elles doivent faire telle ou telle chose, plus elles seront engagées et motivées.
Mais attention. La communication ce n’est pas juste partager les victoires lors d’une réunion d’équipe ! Cela n’a aucun sens de partager des bonnes nouvelles avec vos équipes si vous ne partagez pas aussi les mauvaises.
Si vous mettez sous le tapis les difficultés, non seulement personne ne sera dupe, mais surtout les rumeurs vont commencer à se répandre et là, bonne chance pour lutter contre ce poison…
Allez-y franco, évoquez de façon directe les difficultés de l’entreprise. En faisant ça, vous montrez que vous respectez vos équipes et que vous les traitez en adulte.
Il ne s’agit pas non plus de créer de la panique ! Quand on mentionne les challenges, il faut aussi présenter les pistes pour les résoudre, et impliquer tout le monde dans leur mise en place.
C’est ça le vrai leadership.
5) De la mêlée à la tour d’ivoire
Pour illustrer ce nouveau point, quoi de mieux que de partager une autre de mes erreurs de dirigeants.
Nous sommes au début des années 2000, ma startup était alors en pleine croissance, passant de 20 à plus de 50 collaborateurs. À ce moment-là, nous prenons la décision de déménager dans des nouveaux locaux beaucoup plus grands, distribués sur plusieurs étages.
J’étais forcément fier du succès que j’étais en train de construire, et j’avais envie de le toucher du doigt. Je me suis alors installé au dernier étage, dans un grand bureau avec terrasse qui criait : “regardez comme j’ai réussi !”
Sauf que… au bout de quelques mois, j’ai senti que quelque chose n’allait pas : on exécutait moins bien, les problèmes persistaient, on perdait en fluidité…
La cause de tout ceci : mon isolement. J’étais passé d’un bureau ou j’étais au milieu de la mêlée à une tour d’ivoire où l’on osait plus venir me déranger.
Heureusement, je m’en suis rendu compte et je suis redescendu de quelques étages m’installer dans l’open space, à proximité des équipes opérationnelles.
La place d’un dirigeant, c’est d’être au cœur de ses équipes.
Il faut bien sûr se ménager une salle de réunion pour être tranquille quand il le faut, mais un dirigeant inaccessible et enfermé en permanence dans sa tour d’ivoire, ne peut en aucun cas être un bon leader.