Traversez la rue
Entreprendre peut être vue comme une affaire personnelle.
Mais c’est une erreur de penser qu’on peut réussir seul.
“Je suis pas fait pour travailler en équipe.”
“Pas de temps à perdre à s'encombrer de boulets.”
“J’ai besoin de personne pour créer des opportunités.”
Savoir entreprendre c’est savoir s’entourer.
Vous avez accepté de vous exposer à des montagnes russes émotionnelles. C’est possible d’y résister seul une première fois, mais rarement en un seul morceau. Et la plupart n’y arriveront tout simplement pas.
Vous serez tellement écrasés par vos doutes que vous finirez épuisés et résignés. C’est le pire scénario parce que vous allez manquer des opportunités.
La solitude est la bête noire de l’entrepreneur.
C’est pour ça que j'ai toujours eu comme mantra de chercher à m'entourer.
De bien m'entourer.
Et pour ça, il faut traverser la rue.
Un petit détour par la Lettonie
J’ai atterri en 2005 à Riga (capitale de la Lettonie) parce que je ne supportais plus les trous dans les nappes en Roumanie. Si la phrase que vous venez de lire n’a aucun sens pour vous, mais qu’elle a piqué votre curiosité, je vous invite à lire mon livre Entreprendre pour être libre (mon histoire et mes conseils pour passer à l’action).
En arrivant sur place, je ne connaissais personne.
Absolument personne.
Les lettons avaient en plus le défaut de parler deux langues qu’on nous apprend pas particulièrement à l’école : le letton et le russe.
Il a fallu improviser.
Je n’ai jamais été quelqu’un que les gens qualifieraient de sociable. J’ai cette capacité (totalement assumée) à pouvoir m’enfermer pendant des mois le temps de réaliser le projet qui m'obsède. Je n’ai jamais été du genre à passer des après-midi ou des soirées assis à une table à discuter de tout et de rien.
Par contre, si mon projet nécessite d’abord de rencontrer des gens, ça devient une étape et là je n’ai pas d’autre choix que de me faire violence et sortir de ma zone de confort.
Alors j’y suis allé.
Mon objectif : trouver quelqu'un pour me seconder et pour m'épauler dans la création de ma future entreprise en Lettonie. Hors de question d’y aller seul, cela aurait été de toute manière impossible.
Mais comment faire ? Je n’avais aucun réseau et donc aucun endroit par lequel commencer objectivement.
Alors, j’ai traversé la rue.
Je suis rentré dans un café, armé de mon ordinateur portable, et j’ai commencé à aborder toute personne ayant l’air de pouvoir parler anglais et de m’aider. Ma demande était simple : connaissez-vous quelqu’un qui cherche du travail et qui serait en capacité de pouvoir assister administrativement un expatrié dans la création de son entreprise ?
À partir du moment où on a un objectif clair et une phrase d’accroche, c’est tout de suite beaucoup plus facile de pouvoir parler à des inconnus.
Et à force de laisser mon numéro de téléphone, j’ai fini par recevoir des appels de personnes intéressées. Après quelques rendez-vous, j’ai fini par trouver la perle rare. Cette perle s’est appelée Zane. Elle m’aura aidé à créer ma première entreprise lettone et à la faire tourner pendant 5 ans.
Sans elle, je n’aurais jamais réussi.
Cette technique d’arpenter les cafés et les bars, c’est du réseautage low tech pre-internet. Mais ça fonctionne !
Savoir s’entourer c’est savoir créer des opportunités.
Impossible de bien s’entourer sans rencontrer les bonnes personnes, et impossible de faire des bonnes rencontres sans forcer le destin ! Il faut créer des opportunités, générer de la sérendipité. Et surtout ne pas avoir peur de le faire dans la “vraie vie”.
Internet c’est très bien, mais si je regarde mon parcours les plus belles opportunités se sont créées grâce au hasard de la rue.
J’ai trouvé mon associé pour Prixing dans un apéro entrepreneur
Ledger s’est créé grâce aux rencontres effectuées à la Maison du Bitcoin
Je me suis retrouvé dans le jury de QVEMA au détour d’une discussion…
Ne faites donc pas l’erreur de penser qu’aujourd’hui tout commence et tout se termine en ligne, sur LinkedIn ou Instagram.
Que ce soit pour trouver un associé, générer du business ou vaincre la solitude de l’entrepreneur, ne vous sentez pas ridicule de vouloir trouver des solutions en dehors de l’écran de votre portable.
Traversez la rue.
Rejoignez des clubs d’entrepreneurs, participez à des conférences business, allez jeter un œil à vos événements locaux.
Mais attention, faites-le à une seule condition : avoir un objectif ou un besoin précis.
Sinon, on est largement mieux chez soi à travailler.