To full remote or not to full remote : that is the question
Vous l’avez bien compris désormais, le rapport au travail a changé et tend à se concentrer surtout autour du bien-être personnel : confort, flexibilité, casualness etc.
On voit maintenant sur les réseaux des digital nomad travaillant à Bali, à Dubaï, à Lisbonne pour leur start-up parisienne. Ce souffle de liberté séduit les jeunes générations qui aspirent à plus de sens, et la vague ne fait que commencer.
Alors pourquoi ne pas pousser le concept jusqu’au bout et développer son entreprise en full remote, sans aucun bureau ni centre de gravité particulier ?
J’ai construit ma carrière et mes réussites sur le leadership et l’engagement de mes équipes. Être au cœur de l’action, entouré de mes collaborateurs, a toujours été ma priorité. Une approche en full remote me terrifierait plus qu’autre chose, mais sortir de sa zone de confort est le propre de l’entrepreneur… Alors regardons !
En chaussettes
En moyenne, les télétravailleurs ont globalement de meilleures conditions de travail que les non-télétravailleurs. Le full remote accentue les avantages du télétravail, en voici une liste non-exhaustive :
Une plus grande autonomie dans leur gestion du temps ;
Une intensité moindre car moins d’interruptions ;
Une meilleure santé et moins de maladies ;
Une articulation vie privée et vie professionnelle plus souple ;
Une insertion facilitée pour les travailleurs handicapés ;
Côté entreprise, une réduction des coûts opérationnels en éliminant les frais importants liés aux déplacements et aux locaux ainsi qu’une flexibilité géographique imbattable pour recruter.
En résumé, les collaborateurs seraient apparemment plus productifs car moins fatigués et moins stressés. Je dis bien apparemment parce que les études ne sont pas légion.
Beaucoup d’entreprises du digital et du monde de l’IT proposent désormais de recruter en full remote : Heetch, Alma, Dailymotion (oui ils existent encore)...
Le véritable intérêt réside dans la capacité de pouvoir recruter vite, avec un terrain de jeu quasiment illimité. De plus, la plupart des digital nomad sont souvent freelance, ne recherchent pas forcément la sécurité du CDI, et vous permettent une flexibilité maximale.
En étant full remote, vous pouvez vous même être un digital nomad et incorporer votre entreprise ailleurs qu’en France… L’optimisation de vos coûts peut ainsi atteindre des sommets inatteignables autrement.
Le revers de la médaille
Bien évidemment, ce n’est pas aussi simple.
En tant que leader, prenez le temps deux secondes d’imaginer avoir toutes vos équipes uniquement à distance.
Vous les voyez les problèmes apparaître ?
Si on parle franchement, gérer une équipe entièrement à distance nécessite la plupart du temps d’investir dans de nouveaux outils et des processus adaptés. Ce que vous ne payez pas en locaux, vous allez le dépenser en outils SaaS de plus en plus nombreux et indispensables pour assurer la cohésion et le suivi du travail.
Ensuite, un salarié sur deux ne peut pas télétravailler de par la nature de son emploi. Par exemple, il n’y a qu’1% des ouvriers qui effectuent du télétravail. La technologie n’est pas suffisamment avancée pour permettre à un ouvrier de construire un toit à distance. C’est encore plus criant pour le full remote, cela ne concerne donc que les cadres, et principalement dans la tech.
Dit autrement, si vous êtes une PME avec des chantiers, ce n’est pas la peine d’y penser. Vous pouvez juste lire la suite en tant que spectateur curieux.
Enfin, le plus gros risque, c’est l'isolement social. Sans interactions physiques régulières, la communication va sans doute devenir moins fluide, et les rapports au sein de l’équipe et avec les directions peuvent se dégrader du fait de la disparition des discussions à la machine à café (même si des outils comme Gather.Town tentent d’y remédier).
Pour vous aider à comprendre, je vais vous donner un exemple. Au début des années 2000, ma startup était en pleine croissance. Nous avions déménagé dans des nouveaux locaux plus grands et moi dans un grand bureau au dernier étage avec terrasse.
Sauf que… au bout de quelques mois, j’ai senti que quelque chose n’allait pas : on exécutait moins bien, les problèmes persistaient, on perdait en fluidité…
La cause était mon isolement. J’étais passé d’un bureau où j’étais au milieu de la mêlée à une tour d’ivoire où l’on osait plus venir me déranger. J’avais perdu le poul de l’entreprise et la qualité de l’exécution s’en est tout de suite ressentie.
En full remote, vous avez ce risque de perdre le truc, ce “je ne sais quoi” qui vous aide à créer une fluidité d’exécution quand on est sur le terrain.
Maintenant, si vous avez envie d’essayer, voici quelques conseils :
Réduisez les interruptions. Autorisez le collaborateur à couper ses notifications, sinon il n’avancera pas. Avec une demi-douzaine de logiciels SaaS qui tiennent tout le monde, on se retrouve vite dans un cauchemar pire que le collègue lourdingue qui fait des mauvaises blagues.
La réunionite peut se transformer en visionite et faire perdre beaucoup de temps à tout le monde. Surtout quand on sait que la plupart font autre chose en même temps. Il faut donc paradoxalement se forcer à rendre ces moments courts et efficaces.
Ça vaut de façon générale mais rédigez une méthodologie opérationnelle car en full remote le nouvel arrivant ne peut pas se former en regardant ce que fait son collègue.
Des équipes réussissent à travailler efficacement en full remote, donc c’est entièrement possible. Cependant, vous devez avoir un état d’esprit entièrement compatible avec cette approche.
Il reste enfin des points techniques à valider, liés aux actifs de l’entreprise et à sa valorisation en cas d’exit.
Si votre entreprise est immatriculée en Lituanie (par exemple), avec des équipes full remote liées uniquement par des contrats freelance précaires, les actifs de l’entreprise ne seront pas forcément valorisables de la meilleure manière.
Cela n’est pas forcément un problème dans une approche “cash machine”, mais si votre objectif est de faire une exit avec des gros multiples vous devrez probablement réévaluer votre approche.
En conclusion, il n’y a pas de bonne ou mauvaise solution, tout dépend de vos objectifs et de ce que vous êtes prêt à faire ou ne pas faire.
Le full remote me semble être une très bonne approche pour un entrepreneur nomade qui souhaite bénéficier des meilleures conditions fiscales et sociales sur un business tech auto financé et rentable qui aura pour vocation de générer un maximum de profit à court ou moyen terme au détriment de la construction d’une valeur long terme de l’entreprise.