On pourrait croire qu’un entrepreneur a plus de chances de réussir dans un secteur qu’il connaît par cœur.
Pourtant, cette logique a un défaut majeur : elle suppose que le succès repose avant tout sur une expertise technique.
Ce qui est évidemment faux.
Si vous observez les plus grands succès entrepreneuriaux de ces dernières décennies, vous découvrirez que beaucoup viennent de personnes qui ne connaissaient rien au secteur qu'elles ont révolutionné.
(Même dans des domaines très techniques).
Jack Ma, ex-professeur d’anglais, a fondé Alibaba.
Brian Chesky et Joe Gebbia ont monté Airbnb sans expérience hôtelière.
Plus près de chez nous, Stanislas Maximin fonde Latitude, une entreprise spatiale et ceci sans diplôme d'ingénieur.
Si ces entrepreneurs réussissent à renverser la table dans leurs domaines respectifs, c'est précisément parce que ne rien connaître à un secteur peut être votre meilleur atout pour réussir.
Voici pourquoi 👇
Le piège de l'expertise
Il arrive que les connaissances paralysent.
Quand vous maîtrisez parfaitement un secteur, vous connaissez aussi tous ses obstacles.
Vous avez les connaissances pour savoir quoi améliorer ou révolutionner, mais chaque idée qui émerge dans votre tête est immédiatement accompagnée de réflexions du genre :
"Ça ne peut pas fonctionner parce que…",
"Voilà quel concurrent est plus fort que moi",
"Avant de passer à l'action, je dois régler X ou Y détail".
Ce type de réflexions transforme votre expertise en prison mentale.
L'expert arrive déjà vaincu parce qu'il connaît trop bien les raisons d'échouer…
…tandis que le débutant fonce sans savoir que “c'est impossible”.
Cette naïveté n'est pas un défaut, mais la raison de sa réussite.
L'expertise qui compte vraiment
Dans le tout premier livre sur l'entrepreneuriat que j'ai ouvert, je suis tombé sur cette phrase que je répète encore aujourd'hui quand on me demande ce qu'est "être un leader" :
"Savoir diriger, c'est savoir s'entourer".
C'est exactement ce principe qui permet à des entrepreneurs comme Stanislas Maximin de réussir là où n'importe qui d'autre se dirait "c'est impossible".
À 26 ans, sans diplôme d'ingénieur, il a monté une entreprise spatiale qui ambitionne de concurrencer Arianespace pour mettre des satellites en orbite.
S'il a réussi, c'est parce qu'il maîtrise la seule vraie compétence qui compte pour révolutionner un secteur : le leadership.
Stanislas n’est pas expert technique.
Mais il a une capacité à :
Porter une vision qui fait rêver,
Convaincre des investisseurs sceptiques,
Recruter les meilleurs ingénieurs de France
Résoudre les problèmes au fur et à mesure qu'ils se posent.
Cet ensemble de compétences se nomme “l’expertise entrepreneuriale”, et elle surpasse systématiquement l'expertise technique quand il s’agit de révolutionner un secteur complet.
Parce que la technique s'apprend ou se recrute…
…pas le leadership.
C’est justement parce qu’il ne venait pas du secteur que Stanislas a pu aller aussi loin, aussi vite.
Il ne voyait pas les contraintes, seulement les opportunités.
C'est là que l'ignorance devient un avantage : elle vous évite de vous arrêter aux mille détails techniques réputés "impossibles à régler" et vous pousse directement à l'action.
Pendant que l'expert technique dresse une liste des obstacles, vous avez déjà commencé à bâtir.
Pour conclure
Il existe deux types d'expertise : celle qui vous paralyse et celle qui vous libère.
La connaissance du terrain peut vite se transformer en une carte des pièges, là où l’instinct d’un leader trace une voie.
Quand vous ne connaissez rien à un domaine, vous n’avez qu’une obsession : trouver les personnes qui maîtrisent les compétences qu’il vous manque, et les convaincre de vous suivre.
Cette ignorance vous force à vous concentrer sur l'essentiel.
Les plus belles réussites ne viennent pas de ceux qui savent tout, mais de ceux qui sont conscients qu'ils ne savent pas… et assument cette ignorance pour aller plus vite que les autres.
Bien entendu, tout est une question d'équilibre.
Je ne dis pas que l'expertise est un handicap, bien au contraire.
Mais elle peut vous enfermer dans des certitudes qui vous empêchent d'agir.
Si l’expert connaît les règles du jeu, l’entrepreneur qui réussit est souvent celui qui ne savait même pas qu’il y avait des règles.
La naïveté n'est pas toujours un défaut à corriger.
Éric