Quand mes enfants viennent me voir en disant "Papa, je m'ennuie", je me dis que j'ai gagné.
Pas parce que je suis un mauvais père qui refuse de s'en occuper.
Mais parce que je leur transmets une compétence que peu de gens développent aujourd’hui : apprendre à rester seul avec soi-même.
Dans notre monde saturé d'écrans, cette capacité est devenue un superpouvoir.
Elle muscle la créativité, forge la résilience, développe cette force intérieure qui permet de rester concentré, même lorsqu’on est bombardé par 1000 distractions.
Si je sais à quel point cette capacité est précieuse, c'est grâce à quelque chose qui m'est arrivé quand j'avais 7 ans.
Une expérience qui m'a appris que l'ennui n'est pas un problème à résoudre, mais un cadeau à cultiver.
Mais d’abord, repartons en 1980 👇
Faites confiance à votre cerveau
Quand j’avais 7 ans, un grave accident de ski m'a cloué au lit pendant un an.
À l’époque, pas d’écrans pour me distraire : je m'ennuyais ferme dans ma chambre.
Au début, c'était l'enfer.
Mais c’était sans compter sur la capacité d'adaptation de mon cerveau.
Petit à petit, il a commencé à :
Inventer des histoires interminables,
Construire des mondes entiers dans ma tête,
Créer des univers où je pouvais jouer pendant des heures.
J'étais seul, mais je ne m'ennuyais plus.
Cette expérience m'a appris que le cerveau humain a un don pour transformer le vide en terrain de jeu créatif….
Sous réserve de lui laisser du repos.
C'est précisément ce que je veux offrir à mes enfants en les laissant s'ennuyer.
Parce que dans notre monde hyperconnecté, ce mode créatif est devenu un véritable luxe.
Vidéos de chats, notifications push, stories Instagram...
Nous bombardons notre cerveau de stimulations externes au lieu de lui laisser le temps de s'adapter et de créer ses propres divertissements.
Dès qu'un moment de vide apparaît, nous nous précipitons sur nos écrans pour le combler artificiellement.
Nous empêchons ainsi notre cerveau de faire ce qu'il sait le mieux faire : transformer l'ennui en inspiration.
L'ennui, arsenal stratégique de l'entrepreneur
Cette capacité à transformer l'ennui en inspiration, c'est exactement ce qui fait la force de l'entrepreneur.
Parce que vos meilleures idées ne naissent pas quand vous êtes hyper-concentré sur un problème, mais quand vous lâchez prise et laissez votre esprit divaguer librement.
Moi-même, mes plus grands tournants sont nés de moments d'ennui.
C'est un soir où je m'ennuyais et suis parti marcher que je me suis assis à une table de poker pour la première fois.
Deux ans plus tard, je participais aux championnats du monde à Las Vegas.
C'est aussi dans un moment de vide - à force de lire des articles au hasard en berçant mon fils - que j'ai découvert le Bitcoin.
Cette découverte m'a mené à créer Ledger, devenue une licorne française.
Au fond, beaucoup de mes projets les plus importants trouvent leurs racines dans des moments d’ennui.
Parce que le vide force votre cerveau à explorer des territoires inconnus, à faire des connexions inattendues.
Ne pas stimuler artificiellement son cerveau, c’est le laisser trouver ses propres chemins.
Des chemins mènent souvent vers des opportunités que vous n'auriez jamais vues autrement.
Alors cet été...
S'ennuyer n'est pas un “luxe de riche” : c'est un choix accessible à tous.
Il suffit de poser son téléphone 30 minutes et de laisser son cerveau faire ce qu'il fait le mieux : combler les vides.
Alors si j’ai un conseil à vous donner pour ces vacances d’été, c’est celui-ci : n'oubliez pas de vous ennuyer.
Marchez.
Coupez votre téléphone.
Laissez l’ennui vous rattraper.
Quelque part, dans ces moments de vide apparent, se cachent peut-être vos plus belles idées.
Votre cerveau ne demande qu'à vous surprendre.
Il suffit de lui en donner l'occasion.
Éric