"Éric, pourquoi tu as quitté Paris ?"
Je ne sais plus combien de fois on m’a posé cette question.
Comme si quitter la capitale, c’était renoncer à toute ambition.
En France, on a cette idée tenace :
“Si tu veux réussir, c’est Paris ou rien.”
Cette croyance est un poison.
Parce qu’elle nous pousse à croire qu’il n’existe qu’un seul “endroit légitime” pour entreprendre.
La vérité, c’est qu’il n’y a pas de lieu magique.
Seulement des endroits qui correspondent - ou pas - à votre énergie du moment.
À 30 ans, Paris me portait.
À 50, il m’étouffait, parce que j'étais arrivé à un tournant de ma vie.
Ce n’est pas que Paris n’était plus un bon endroit pour entreprendre…
…c’est qu’il ne l’était plus pour moi.
C’est justement là que beaucoup d’entrepreneurs se trompent : ils cherchent le lieu “stratégiquement optimal”, au lieu de chercher celui qui leur convient vraiment.
Explication 👇
Le vrai timing de ma décision
Je n’ai pas quitté Paris sur un coup de tête, mais parce qu’une page se tournait.
En 2019, j’ai décidé de quitter Ledger, après avoir investi beaucoup de temps et d’énergie dans ce qui était devenu la 14e licorne française.
À 40 ans, j’avais besoin du chaos créatif de la ville et de son agitation permanente pour me sentir stimulé.
Mais à 50, j’aspirais à autre chose : du silence, de la nature, un rythme différent.
La capitale ne me convenait plus.
Ce changement de cadre m’a permis de me poser, de prendre du recul, et d’aborder de nouveaux projets dans un autre état d’esprit.
Déconstruire le mythe parisien
Est-ce que j’ai raté des opportunités en quittant Paris ?
Non.
Mais cela ne veut pas dire que Paris ne vaut rien.
Simplement que chaque environnement a ses avantages… et ses limites.
Paris reste un hub tech dense, avec des investisseurs spécialisés.
Dubaï (par exemple) donne accès à un réseau international et à des capitaux du Moyen-Orient.
Vivre à la campagne permet d’avoir une influence locale plus forte, d’être moins anonyme, et de bénéficier d’un accès plus direct à certaines ressources.
Pendant longtemps, ces environnements étaient difficilement conciliables.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas.
Déjà parce que la dématérialisation des échanges s’est largement démocratisée depuis le Covid.
Ensuite parce que Paris reste très accessible depuis n’importe quel point du territoire.
Dans mon cas, étant à 1h30 de train, je peux bénéficier de Paris sans y vivre.
J’aime y revenir quelques jours quand j’en ai besoin : pour voir du monde et me reconnecter à l’énergie de la capitale…
…tout en sachant que ce n’est un séjour temporaire avant de retourner à Vierzon.
Au fond, ce qui compte n’est pas tellement où vous êtes basé, mais ce que vous faites de l’endroit où vous vous trouvez.
La réalité des entreprises françaises
J’organise régulièrement des mastermind entrepreneurs dans mon domaine à la campagne.
Pendant 2 jours, je mets mon expérience à leur service pour les aider à éviter les pièges de l’entrepreneuriat et débloquer des situations qui peuvent leur coûter très cher.
Une chose me frappe à chaque session : 90 % des participants viennent de province.
Je parle d’entrepreneurs solides, qui génèrent du chiffre d’affaires, créent de l’emploi, et font tourner l’économie réelle - dans le BTP, l’artisanat, l’industrie ou les services à la personne.
Ceux-là n’ont jamais eu besoin d’être à Paris pour prospérer.
Parce qu’ils ont su tirer parti des atouts spécifiques de leur environnement :
Oui, certaines entreprises ont besoin d’être dans un écosystème bien précis pour se développer.
Si vous montez un fonds d’investissement par exemple, difficile d’éviter Paris ou San Francisco.
Mais pour la majorité des entrepreneurs, le lieu n’est pas un critère bloquant.
Ce qui compte, c’est de trouver un environnement qui vous stimule, vous porte, vous ressemble.
Et sur ce point, il n’y a pas de vérité universelle : certains ont besoin de l’énergie d’une grande ville, d’autres du calme d’un village, d’autres encore d’un décalage culturel à l’étranger.
L’essentiel, c’est de savoir ce qui vous convient, à l’instant T.
Pour conclure
Il y a des moments dans la vie où le lieu où l’on vit devient une vraie question stratégique.
Pas pour suivre une mode, mais pour rester aligné avec ce qu’on veut bâtir.
À 40 ans, j’avais besoin de l’intensité parisienne.
À 50, il me fallait du calme, et un cadre qui me laisse respirer.
L’endroit parfait n’existe pas.
Mais il y a toujours un endroit qui vous correspond mieux que les autres - à condition d’écouter ce que vous ressentez, pas ce que les autres attendent.
On ne choisit pas un lieu pour réussir.
On choisit un lieu pour continuer à avancer.
Éric
PS : Pour participer au prochain mastermind - chez moi à Vierzon - vous trouverez plus d’informations en cliquant ICI.